Rapport sur la Journée internationale des droits des femmes

Le long chemin vers l’égalité

08.03.2022
Après deux ans sans pouvoir voyager en raison de la pandémie, Benno Steffen, responsable du programme au Népal chez Action de Carême, a pu se rendre à nouveau dans le pays pour visiter des projets. En compagnie de Samrat Katwal, coordinateur du programme, il y a fait une rencontre étonnante.

Le long chemin vers l'égalité

Après deux ans sans pouvoir voyager en raison de la pandémie, Benno Steffen, responsable du programme au Népal chez Action de Carême, a pu se rendre à nouveau dans le pays pour visiter des projets. En compagnie de Samrat Katwal, coordinateur du programme, il y a fait une rencontre étonnante.

Afin de visiter notre organisation partenaire CAED (Centre pour l’agroécologie et le développement), nous nous rendons dans la province isolée de Karnali, la plus pauvre du Népal. La route qui relie le district de Dolpa au reste du Népal est très mauvaise et les nombreux ponts qui la jalonnent sont souvent impraticables. Pour transporter les marchandises d’un côté à l’autre de l’imposante rivière Thuli Bheri, il faut emprunter des passerelles piétonnières, puis les charger sur les remorques des tracteurs pour continuer sa route. Dans la municipalité de Tripurasundari, nous rencontrons plus d’une douzaine de jeunes femmes avec de lourdes charges sur le dos qui traversent un pont suspendu. Nous engageons la conversation avec Purnima Sharki, une jeune femme dalit de 18 ans. Les charges qu’elle porte sur son dos pèsent jusqu’à 50 kilos, soit plus que son propre poids. D’autres femmes transportent des marchandises pesant jusqu’à 80 kilos, tandis que les jeunes de 13 à 14 ans portent déjà des charges pouvant atteindre les 40 kilos.

Malgré cette corvée, Purnima et ses amies sont de bonne humeur et visiblement heureuses de pouvoir gagner leur propre argent. Pour le transport d’une remorque pleine d’une rive à l’autre de la rivière, les femmes reçoivent au total 6000 NPR (environ 46 CHF). Selon le nombre de remorques et la taille du groupe, chacune d’entre elles peut ainsi gagner entre 500 et 2000 roupies par jour. Malgré le côté physiquement éprouvant de ce travail, leur motivation est telle qu’elles se sont organisées pour permettre au plus grand nombre d’entre elles de gagner de l’argent en effectuant des tournus avec d’autres femmes dalits des villages environnants. Lorsqu’on leur demande pourquoi il n’y a pas d’hommes parmi elles, Purnima répond qu’ils sont sans doute trop craintifs. Elle ajoute que cette activité devrait de toute façon être réservée aux femmes, afin qu’elles puissent gagner leur propre argent.

La confiance en soi est la base d’une vie indépendante
Interrogée sur ce dont elle rêve le plus, Purnima répond qu’elle souhaiterait trouver un emploi et mener une vie indépendante, ce qui amuse ses amies. Pour la taquiner, ces dernières ajoutent qu’elle aimerait certainement se marier en premier. Dans les régions rurales du Népal, les femmes qui se marient doivent abandonner leur carrière professionnelle. Pour pouvoir réaliser son rêve, Purnima est en train de suivre sa 12e année et, parallèlement, elle fréquente également une école d’agriculture qui lui permettra de suivre une formation de technicienne agricole junior.

Consciente de la discrimination dont sont victimes les femmes en général et les Dalits en particulier, CAED s’engage pour changer cette situation. Cependant, les pratiques et les croyances culturelles sont profondément enracinées et ne peuvent pas être modifiées du jour au lendemain. Le chemin vers l’égalité est certes long et semé d’embûches. Néanmoins, les expériences de Purnima Sharki et ses amies prouvent qu’en ayant confiance en elles, elles peuvent réaliser leurs rêves, même si cela signifie faire un travail difficile pour gagner de l’argent et suivre une formation en même temps. Il y a dix ans seulement, des femmes de cet âge seraient certainement déjà mariées, auraient dû quitter l’école prématurément et seraient devenues mères de plusieurs enfants avant l’âge de vingt ans.

Égalité des genres
La lutte contre la faim et la pauvreté sera vaine à long terme sans une véritable égalité des sexes. Dans tous ses projets et programmes, Action de Carême s’emploie à combattre les inégalités entre hommes et femmes et à modifier durablement les rapports de force entre les sexes. Nous respectons toutes les personnes, quels que soient leur sexe, leur orientation sexuelle, leur origine, leur foi et leur âge. Nul ne doit vivre sous le joug de la discrimination.

Ce site utilise des cookies pour améliorer l'expérience de navigation et fournir des fonctionnalités supplémentaires. Ces données ne seront pas utilisées pour vous identifier ou vous contacter. En savoir plus