Les attentes envers la COP29 étaient certes élevées, mais la communauté internationale n’a pas su s’entendre sur des objectifs suffisants en matière de financement climatique, alors même que l’urgence se fait de plus en plus pressante. Les pays du Sud, pourtant les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, en paient le prix fort. Cette réalité est particulièrement visible dans les projets d’Action de Carême : aux Philippines, six typhons viennent de ravager le pays au cours des quatre dernières semaines, laissant derrière eux un paysage de désolation. Les récoltes sont détruites, les chaînes d’approvisionnement interrompues, les prix des denrées alimentaires explosent et la famine menace. Les scientifiques confirment que la fréquence accrue des phénomènes climatiques extrêmes est une conséquence directe du réchauffement climatique d’origine humaine.
Le groupe pétrolier et gazier azerbaïdjanais Socar tente de redorer son blason, alors que les négociations sur l’abandon des énergies fossiles battent leur plein.
Un revers pour la transition énergétique
Pour stopper la poursuite de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes comme aux Philippines, le réchauffement climatique mondial doit être limité à 1,5 °C, comme le prévoit l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Pour cela, les émissions doivent être considérablement réduites au niveau mondial, ce qui n’est possible qu’avec un abandon rapide des énergies fossiles. Faute de progrès significatifs, la COP29 incarne un échec majeur pour la transition énergétique. Le lobby des énergies fossiles s’est une fois de plus imposé au détriment des populations les plus vulnérables. L’Azerbaïdjan, pays hôte et grand exportateur de pétrole, est également critiqué pour son manque d’impartialité et la défense de ses propres intérêts.
Financement climatique insuffisant
Les négociations financières, au cœur de la COP29, ont également déçu. Selon un rapport de l’ONU, les pays en développement ont besoin de 2400 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Les pays industrialisés, qui devraient en financer une grande part via des fonds publics, se sont contentés d’un engagement annuel de 300 milliards de dollars – une somme largement insuffisante et perçue comme une insulte par les pays du Sud. La catastrophe aux Philippines ne donne qu’un avant-goût de l’argent qui sera nécessaire rien que pour les dommages et les pertes causés par la crise climatique. À Bakou, les principaux responsables de la crise climatique, dont la Suisse, n’ont pas rempli leur devoir.
Nos expert·e·s en climat et énergie échangent avec des membres d’une organisation partenaire brésilienne dans le cadre de la COP29.
Des espoirs pour la COP30
Au-delà de la frustration, il reste l’engagement remarquable de nos organisations partenaires du Kenya, du Brésil et des Philippines, qui ont fait entendre leurs voix lors de la conférence sur le climat. Il y a aussi l’espoir que la COP30, prévue au Brésil, marque un tournant : sa présidence pourrait en effet adopter une approche plus ambitieuse pour accélérer les progrès indispensables en matière de protection du climat et accorder davantage de poids aux voix des populations les plus vulnérables. En attendant, nous nous mobilisons en apportant une aide d’urgence aux Philippines pour atténuer les souffrances des communautés touchées.