Forum d'action

Une journée de débats passionnants

16.11.2023

Une soixantaine de personnes issues de cercles proches de l’Église ont participé au premier « Forum d’action » d’Action de Carême. Cet événement leur a permis non seulement de se faire une idée plus précise de notre travail, mais aussi de participer activement à des ateliers de discussion sur les stratégies de lutte contre la faim et le réchauffement climatique ainsi que le lien entretenu par Action de Carême avec une Église catholique en crise.

Une certaine effervescence régnait dans les couloirs de l’Altes Spital de Soleure. Les ateliers du Forum d’action étaient terminés, mais les discussions étaient si animées pendant la pause que Lucrezia Meier-Schatz, présidente du forum de fondation, a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour faire revenir les participant·e·s en plénière pour entamer la dernière séance de discussions et conclure une journée riche en enseignements.

La journée a commencé par diverses présentations sur les enjeux auxquels Action de Carême doit faire face. Andreas Missbach d’Alliance Sud a fait un exposé sur les pressions politiques exercées par les sphères bourgeoises sur les ONG après leur succès surprise en 2020 lors de la votation sur l’initiative populaire « Entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement ». « La Suisse n’assume pas ses responsabilités », a-t-il déploré, « que ce soit au niveau des entreprises ou de la réduction des émissions de CO2 ». À cela s’ajoute la tentative du Conseil fédéral de réduire la coopération au développement à seulement 0,36 % du produit national brut, contrairement à l’objectif de l’ONU de 0,7 %. De plus, une allocation de 1,5 milliard de francs est prévue pour l’Ukraine, alors que, initialement, cette somme était principalement destinée au continent africain.

Christophe Monnot, docteur en sociologie des religions a, quant à lui, loué l’esprit d’innovation des organisations d’aide au développement affiliées à l’Église, qui parviennent toujours à contourner les obstacles imposés par la bureaucratie ecclésiastique pour faire bouger les choses. Mais il a aussi présenté des graphiques montrant le net recul des fidèles en Suisse. « La tendance est sans équivoque : depuis des décennies, chaque génération est un peu moins pratiquante. »

Les ateliers ont été le théâtre de débats passionnants autour des thèmes qui préoccupent Action de Carême.

Les dons issus du monde ecclésial ne suffisent plus

Une situation qui impacte également Action de Carême, comme l’a expliqué son directeur Bernd Nilles. « La question est de savoir si l’Église pourra maintenir son engagement ou si nous devrons progressivement chercher du soutien auprès d’autres acteurs. » Car c’est un fait, les dons issus du monde ecclésial ne suffisent plus, et ce depuis plusieurs années déjà, pour financer les projets menés par l’organisation. L’évêque Felix Gmür, qui préside le conseil de fondation d’Action de Carême, a souligné dans son discours qu’il fallait de la force et du courage pour aider les plus démuni·e·s et surmonter les causes de pauvreté. « Mais pour y parvenir, nous avons besoin de la contribution du plus grand nombre. »

L’un des ateliers de l’après-midi a également abordé la question de l’avenir de la relation entre Action de Carême et l’Église. Comme l’a expliqué un participant du canton de Lucerne, en raison de la diminution du nombre de fidèles dans sa paroisse, il devient difficile de trouver des personnes prêtes à apporter un soutien organisationnel à Action de carême dans le cadre de la Campagne œcuménique. Un représentant de Jungwacht/Blauring, la plus grande organisation catholique de jeunesse en Suisse a, quant à lui, expliqué que la plupart des jeunes seraient réceptifs à notre engagement si nous nous adressions directement à eux sur leurs canaux, avec des messages correspondant à leurs réalités de vie. « Il n’existe pas UNE seule jeunesse », a-t-il insisté.

Quoi qu’il en soit, l’ensemble des participant·e·s à la table ronde ont plaidé pour le maintien de la coopération entre Action de Carême et l’Église, notamment parce que l’organisation d’aide au développement défend des valeurs chrétiennes. « La relation reste essentielle pour les deux parties », a résumé Urs Brosi, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) et co-modérateur de l’atelier. « Mais on dirait presque qu’Action de Carême est plus indispensable à l’Église que l’inverse. »

Urs Brosi, Generalsekretär der RKZ, im Gespräch mit Workshopteilnehmenden.
Urs Brosi, secrétaire général de la RKZ, a résumé après un échange : « On dirait presque que Église a plus besoin d'Action de Carême que l'inverse. »

Des discussions intéressantes, qui seront intégrées à notre nouvelle stratégie

Les autres ateliers ont mené à des discussions tout aussi passionnantes, tant sur la coopération au développement que l’Agenda 2030 et la lutte contre la faim. « Nous veillerons à tenir compte des informations échangées aujourd’hui lors de l’élaboration de notre nouvelle stratégie », a conclu Lucrezia Meier-Schatz à la fin de la séance plénière. Pour elle, les enseignements de cette journée sont clairs : « Nous ne pouvons rester impassibles. Nous devons élever la voix pour mettre en lumière les problèmes existants ».

Le directeur Bernd Nilles tire un bilan positif de ce premier Forum d’action. « J’ai été ravi du niveau d’engagement des participant·e·s et des discussions animées qui ont pu naître au cours de l’événement. » Il reste manifestement de nombreuses personnes au sein de l’Église qui souhaitent faire avancer les choses. « C’est une chance pour nous car, ensemble, nous pouvons accomplir beaucoup au sein d’une organisation comme Action de Carême. »

Le prochain forum se tiendra le 6 ou 7 septembre 2024.

Bernd Nilles, directeur d'Action de Carême, est satisfait du premier Forum d'action.

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