Canonisation d'Oscar Romero

Une figure de proue pour les défenseur des droits humains

15.10.2018
Bischof Alvaro Ramazzini bei einem Besuch in Bern. Bild: Colette Kalt/ Fastenaktion

Près de quarante ans après l'assassinat d'Oscar Romero, son charisme rayonne toujours dans le monde. Canonisé dimanche 14 octobre par le pape, l'ancien archevêque de San Salvador est devenu une figure symbolique pour les militants des droits humains.

Mgr Álvaro Ramazzini, qui collabore avec Action de Carême au Guatemala, a lui-même été menacé en raison de son engagement en faveur des droits humains. Il décrit la force du témoignage d’Oscar Romero : « Monseigneur Romero est une personnalité emblématique dans notre recherche du royaume de Dieu dont les exigences dépassent celles de l’Église elle-même. » Des milliers de personnes se reconnaissent dans son témoignage et font le bien sans autre motivation que le bien des autres, la recherche de la justice, la défense des droits humains et la solidarité. Oscar Romero continue de nous parler aujourd’hui, nous appelant à faire face aux grands défis qui nous attendent à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église.

Selon Sœur Mary John des Philippines : « La canonisation d’Oscar Romero est un témoignage de l’engagement de l’Église envers les pauvres, les opprimés et les marginalisés – ils étaient sa vie. C’est aussi une confirmation claire du fait que les gens de l’Église s’engagent aussi pour la justice et le changement social. »

L’ancien archevêque vient d’être canonisé à Rome.

 

Erzbischof Oscar Romero während einer Predigt in San Salvador. © COMUNDO im RomeroHaus

Bien qu’Oscar Romero n’ait jamais adopté de position politique tranchée, il s’est fermement opposé à l’abus de pouvoir du gouvernement et de l’armée ainsi qu’à la politique économique controversée du Salvador. Et cela devenait de plus en plus dérangeant pour les élites.

En tant que défenseur de la théologie de la libération, Oscar Romero a courageusement et constamment pris parti pour les pauvres et les personnes privées de leurs droits dans son pays. Il a fait campagne pour des réformes et a rendu compte sans relâche des violations des droits humains. Cet engagement lui coûtera la vie : le 24 mars 1980 à 18h25, sur ordre des autorités militaires et gouvernementales, il est abattu sur l’autel lors de la célébration eucharistique.

Quelques semaines avant sa mort, étant lui-même conscient du danger qui le menaçait, il tint ces propos : « Ne nous réduisez plus au silence par la violence, nous qui faisons cet appel. Et arrêtez de nous tuer, nous qui essayons de parvenir à une répartition plus juste du pouvoir et de la richesse de notre pays. Je parle de nous parce que cette semaine, j’ai appris que j’étais sur la liste de ceux qui seront éliminés la semaine prochaine. Mais soyez certain que personne ne peut tuer la voix de la justice… » (Sermon du 24.02.1980)

La canonisation est un encouragement important

Hier, le pape François a canonisé Oscar Romero. Sa béatification, il y a déjà trois ans, a été un événement émouvant pour le peuple salvadorien et pour l’ensemble de la population d’Amérique latine. Peu de temps après sa mort, il était déjà considéré comme un « saint » par les sans-terre et les sans-abri qui l’appelaient « San Romero de América ».

Sa canonisation a été non seulement une reconnaissance importante pour ce défenseur des droits humains, mais aussi un encouragement dans l’engagement mondial pour plus de justice. Pour Josef Estermann, responsable Bases & Recherche auprès de Comundo à la Maison Romero de Lucerne, sa canonisation a des conséquences profondes qui vont même au-delà de la forme symbolique : « Cette étape permet de réaliser une réelle réhabilitation de la théologie de la libération venue d’Amérique latine ».

Les organisations partenaires et les coordinateurs des programmes nationaux d’Action de Carême et de Comundo le confirment : partout dans le monde, les personnes qui défendent les droits humains subissent toujours une certaine pression, car elles s’opposent aux intérêts économiques et politiques d’un État et courent le risque d’être arrêtées ou tuées.

Une voix qui ne peut être réduite au silence

Sonja Kaufmann, coresponsable du département Communication chez Action de Carême, a également été impressionnée par le charisme que Mgr Romero avait sur le peuple. Elle se souvient d’un pèlerinage auquel elle a participé en 1992 à l’occasion du douzième anniversaire de sa mort à San Salvador. La dépouille de l’évêque était installée dans la crypte de la cathédrale, discrètement cachée dans le sous-sol. Pourtant, des centaines de personnes descendaient le voir dans la crypte et les communautés locales célébraient le culte sur sa tombe chaque dimanche. « Plus on voulait faire taire l’héritage d’Oscar Romero, plus son charisme devenait fort dans la population. Il a été assassiné parce qu’il a défendu les droits humains. Aujourd’hui, il vit dans leur mémoire et leur lutte. »

Théologie de la libération

Plus qu’une théologie, cette forme de foi qui a émergé en Amérique latine est un mouvement de base pour lire la Bonne Nouvelle chrétienne dans le contexte de la pauvreté, de l’oppression et de la marginalisation d’une manière sociopolitique et libératrice et s’en inspirer pour une action engagée en faveur d’un monde dans lequel chacun a une place, y compris la nature.

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