Burkina Faso

Adèle Neya sur le chemin de l’autonomie

29.11.2023

À Koupéla, un village situé dans la région du Centre-Ouest au Burkina Faso, Adèle Neya s’engage dans un large éventail d’activités pour subvenir aux besoins d’une famille nombreuse. Grâce au soutien d’Action de Carême et de son organisation partenaire ASD Paalga, elle a acquis une plus grande confiance en elle et bénéficie d’une meilleure sécurité financière.

Texte : Tiziana Conti, Médias, information et campaigning, Action de Carême

Adèle Neya, une femme dans la quarantaine, jongle entre son rôle de mère et de nombreuses activités pour s’assurer un revenu. En plus de ses cinq enfants, elle est tutrice de cinq autres, dont l’enfant de son défunt frère. Dans le village où elle réside, la vie tourne principalement autour de l’agriculture et de l’élevage. En raison des changements climatiques, caractérisés par des variations imprévisibles des précipitations et des températures en hausse, la population rurale burkinabè demeure particulièrement vulnérable aux crises alimentaires.

La promotion par l’État d’une agriculture conventionnelle a longtemps exacerbé cette vulnérabilité car, bien qu’elle prétende assurer un accès aux denrées alimentaires essentielles, cette pratique autorise néanmoins l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides. Ces produits entraînent des répercussions néfastes sur l’environnement et demandent l’emploi de semences améliorées qui doivent être rachetées chaque année, créant ainsi une dépendance chez les paysannes et paysans. La bonne nouvelle est que, dès 2022, les politiques publiques burkinabè ont intégré l’agroécologie dans leur stratégie nationale. Au cours des prochaines années, cette pratique agricole à petite échelle basée sur l’adaptation aux conditions locales, les échanges, la vente de proximité et la participation politique, devrait donc progressivement remplacer l’agriculture conventionnelle.

Un sol plus fertile

Action de Carême promeut les méthodes de culture agroécologiques à travers ses projets depuis de nombreuses années. Elles ont le double avantage d’offrir aux agricultrices et agriculteurs des moyens concrets pour s’adapter aux effets du réchauffement climatique et garantir l’accès à une nourriture saine et abondante sans recourir à l’utilisation d’intrants chimiques.

En 2019, Adèle saisit l’opportunité de participer à une formation axée sur la sécurité alimentaire et l’agroécologie, proposée par l’Association SOS Santé et Développement (ASD Paalga), une organisation partenaire d’Action de Carême. Les techniques apprises lors de ces cours ne nécessitant aucun investissement particulier, elle peut les appliquer sans tarder. Les bénéfices sont immédiats : en produisant son propre engrais liquide biologique, elle réduit sa dépendance vis-à-vis des intrants chimiques coûteux, améliore la résistance de ses cultures aux attaques d’insectes et augmente également les rendements de sa production. « Au cours de ma première année d’utilisation, j’ai récolté 4 charretées de sorgho, soit 40 kilos. Aujourd’hui, je peux en récolter jusqu’à 6 charretées, soit 60 kilos, lorsque les précipitations sont abondantes. »

Adèle maîtrise également la technique du zaï, qui consiste à concentrer l’eau et le fumier dans les trous creusés dans la terre pour favoriser la croissance des cultures. Grâce à cette méthode, elle peut désormais cultiver des légumes comme l’aubergine locale même en saison hivernale et s’assurer ainsi une source de revenu diversifiée grâce à la vente de ses produits sur le marché.

Adèle Neya avec son mari.

Des poulets en pleine forme

À la suite d’une formation récente dispensée par ASD Paalga, Adèle acquiert les compétences nécessaires pour devenir vaccinatrice de volaille au sein de son village. Cela lui permet également d’optimiser sa production avicole en réduisant de manière significative la mortalité de ses poulets. Le vaccin offre une protection efficace contre la grippe aviaire, une maladie qui a frappé sévèrement tout le territoire en 2022, entraînant d’importantes pertes. Au Burkina Faso, l’aviculture émerge comme un secteur en plein développement, porteur d’enjeux économiques insoupçonnés. Dans les grandes villes, les étals regorgent de variétés de poulets, grillés, sautés, à l’ail ou simplement flambés. Le célèbre « poulet bicyclette », emblème d’une race locale, contribue à la renommée du pays à l’étranger. Avec l’essor de l’aviculture moderne, le commerce de la volaille off re des moyens de subsistance à des milliers d’actrices et acteurs impliqués dans la production et la transformation. Posséder quelques poulets constitue une bouée financière précieuse à tout moment et agit comme une forme d’assurance pour les agricultrices et agriculteurs.

« Grâce à mes connaissances, je gagne en respect au sein de la communauté. »

Des gâteaux exquis et un avenir prometteur

L’activité principale d’Adèle, la vente de gâteaux, connaît également une évolution significative. Auparavant, elle préparait sa pâte à gâteau avec de la farine de blé, du sucre et de la levure. Aujourd’hui, elle ajoute de la farine de haricot, des œufs, du beurre ainsi que du sucre vanillé à son mélange. Elle a aussi ajusté le dosage de la levure. Ces astuces culinaires, apprises à travers le projet, confèrent à ses créations une nouvelle saveur et des qualités nutritionnelles intéressantes. Les recettes de ses ventes ont augmenté de 50 % !

L’amélioration de ces diverses pratiques a permis à Adèle de devenir autonome. « Grâce à mes connaissances, je gagne en respect au sein de la communauté. Je me sens plus confiante et capable de prendre des décisions éclairées. Tout cela a été rendu possible grâce au projet ASD Paalga et à Action de Carême », nous confie-t-elle. Adèle envisage l’avenir avec optimisme. Si un jour le village devait bénéficier d’un forage pour accéder à l’eau, elle souhaiterait se lancer dans le maraîchage durant la saison sèche. Elle rêve aussi d’acquérir une mobylette et de bâtir sa propre maison. Ces aspirations témoignent de sa détermination à transformer positivement sa vie et celle de sa communauté.

L’histoire d’Adèle Neya est parue dans le magazine « Perspectives » d’Action de Carême.
Ici, vous trouverez plus d’informations sur notre programme au Burkina Faso.

Adèle protège la volaille de son village contre la grippe aviaire.

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