Les organisations partenaires d’Action de Carême sont actives principalement dans les zones rurales du nord-ouest d’Haïti. Dans ces régions, les gens vivent souvent dans des conditions difficiles et pratiquent l’agriculture pour leur propre consommation. Bien qu’ils ne soient pas directement touchés par le terrorisme, ils ne sont pas pour autant épargnés par les pénuries d’approvisionnement provoquées par les bandes criminelles, qui bloquent le port de la capitale Port-au-Prince et les routes principales à travers le pays.
De plus, la République Dominicaine voisine ayant fermé ses frontières, de nombreux biens de consommation courante ne peuvent plus circuler. Au niveau local, le prix des semences a fortement augmenté. Ces complications génèrent une inflation galopante et entraînent une augmentation rapide de la pauvreté et de la faim.

La population a besoin d’aide
Action de Carême a ainsi décidé de soutenir quatre organisations partenaires avec une aide d’urgence ciblée aux personnes les plus pauvres participant à ses projets. L’aide consiste, d’une part, à distribuer des semences pour pouvoir planter et ensuite récolter des haricots, des pois ou des ignames, en contrant ainsi la pénurie d’aliments. D’autre part, il s’agit d’organiser et de rémunérer des travaux communautaires visant à améliorer les infrastructures. Ces initiatives incluent la réparation de canaux d’irrigation, la protection des champs contre l’érosion et des projets de reforestation.
Cela permet à ces personnes de combler temporairement le manque à gagner de la vente de produits agricoles, grandement entravée par les barrages routiers. Concernant les semences distribuées, elles proviennent de la région elle-même et peuvent donc être transportées sans grandes restrictions aux agricultrices et agriculteurs touchés. En revanche, une aide alimentaire directe avec des produits de l’extérieur serait logistiquement difficile à mettre en œuvre pour le moment

Le conseil de transition doit organiser des élections
Bien qu’un conseil présidentiel de transition de neuf membres ait été instauré fin avril, remplaçant officiellement l’ancien Premier ministre intérimaire Ariel Henry, la situation sécuritaire en Haïti demeure critique. La cérémonie d’assermentation à Port-au-Prince s’est déroulée en secret, par crainte des attaques des gangs criminels qui contrôlent encore la capitale. Le conseil de transition, composé d’une femme et de huit hommes, représente les principaux partis politiques d’Haïti, ainsi que la société civile et les communautés religieuses. Il bénéficie du soutien des États-Unis et de la communauté caribéenne Caricom, et a pour mission de nommer un cabinet et d’organiser des élections. Le Conseil a déjà nommé un nouveau Premier ministre, Garry Conille, expert en développement et ancien directeur régional de l’Unicef pour l’Amérique latine. La semaine dernière, une délégation du Kenya sous l’égide de l’ONU est également arrivée en Haïti pour préparer et diriger une mission de sécurité. Jusqu’à 1000 officiers des forces de l’ordre seront déployés pour aider à combattre les gangs et stabiliser la situation sécuritaire dans le pays.
L’espoir que le chaos prenne fin
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, la situation en Haïti est plus chaotique que jamais. À la fin février, la situation a escaladé lorsque des bandes armées ont pris le contrôle de la capitale. Les gouvernements étrangers ont depuis évacué des centaines de leurs citoyens. Rien que cette année, 2 500 personnes ont été tuées ou blessées, et environ 1,6 million de personnes sont menacées de famine.
« Il est toujours trop dangereux de quitter Port-au-Prince », déclare le coordinateur d’Action de Carême, qui vit dans une banlieue de la capitale et travaille depuis son domicile depuis des semaines. Toutefois, il reste confiant que la situation sécuritaire s’améliorera encore cette année. « Pour cela, il est essentiel que le conseil de transition assure la sécurité dans le pays et organise des élections transparentes. » Une aide économique substantielle de l’extérieur sera également nécessaire, et il va falloir redonner des perspectives à la population. « Les processus décisionnels au sein du conseil prendront certainement du temps. Mais comme toutes les forces politiques importantes y sont représentées, il y a espoir que les blocages actuels puissent être surmontés. »