Chaque année depuis 1979, le 16 octobre marque la Journée mondiale de l’alimentation. Cette date, initiée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), veut alerter sur un scandale silencieux : alors que notre planète produit assez pour nourrir l’ensemble de ses habitant·e·s, plus de 700 millions de personnes souffrent encore de la faim. Un chiffre en hausse constante depuis plusieurs années.
Les raisons sont multiples et souvent entremêlées : conflits armés, crises économiques, instabilité politique, dérèglements climatiques… Mais aussi des systèmes agricoles et commerciaux déséquilibrés, qui favorisent l’agriculture industrielle et les marchés mondiaux au détriment des petites exploitations. Il est frappant de constater que les familles paysannes, qui cultivent environ 70 % des denrées alimentaires mondiales, sont parmi les plus touchées par la pauvreté, la précarité et la faim.
Éliminer la faim ensemble
Pour Action de Carême, cette journée résonne tout particulièrement car, depuis plus de 60 ans, l’organisation suisse de coopération internationale œuvre pour un monde plus juste, où chaque être humain peut manger à sa faim. Son engagement repose sur une conviction simple : la faim n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’injustices que nous pouvons corriger ensemble, par des choix politiques, économiques et solidaires.
En Suisse comme à l’international, Action de Carême sensibilise, mobilise et interpelle. Elle plaide pour des lois qui protègent les plus vulnérables, soutient des projets locaux dans douze pays du Sud, et défend une agriculture respectueuse des personnes, des terres, des semences et des générations futures. À travers ses actions, elle tisse des liens de solidarité entre celles et ceux qui produisent la nourriture et celles et ceux qui la consomment, pour bâtir un avenir où la justice commence dans l’assiette.

Rosemelie Jean est membre du groupe communautaire ADAG, situé dans le nord-ouest d’Haïti.
En Haïti, la terre reprend la parole
Dans les montagnes du nord-ouest d’Haïti, la terre est à la fois refuge et combat. Longtemps appauvrie par les monocultures, les produits chimiques et les semences importées, elle semble parfois se taire. Mais aujourd’hui, elle recommence à parler, doucement, au rythme des mains qui la soignent.
Grâce à l’appui d’Action de Carême et de ses organisations partenaires sur place, des familles redécouvrent les pratiques paysannes traditionnelles, comme la reproduction des semences locales, les associations de cultures et le compostage. Mislaine Gaudaine, commerçante à Anse-à-Foleur, témoigne : « Grâce à notre jardin, nous souffrons moins de la faim, même si nous devons encore acheter certains aliments. Ce jardin est devenu la base de mon commerce : je peux vendre une partie des légumes que nous récoltons, et cela me permet aussi d’accéder à des crédits. »
Pour Étienne Frito, cultivateur à Liane Panier, les formations ont tout changé. Il a appris à faire son propre compost, à diversifier ses cultures et à créer sa propre banque de semences. « Avec l’appui d’Action de Carême, nous avons amélioré nos pratiques agricoles : nous cultivons sans brûler, aménageons des terrasses contre l’érosion et adoptons des méthodes durables. Aujourd’hui, nous avons toujours de quoi manger. »
Rosemelie Jean, elle, vit à Saint-Louis-du-Nord. Elle a rejoint un groupe communautaire et, avec d’autres femmes, elle apprend à reproduire ses semences et à les échanger. « Notre force, c’est de produire nos propres semences et de les échanger entre nous. Tant qu’on dépend de celles venues de l’extérieur, on reste vulnérables. Mais dès qu’on les cultive nous-mêmes, on devient libres. »
Il ne s’agit pas seulement d’agriculture. Ces projets recréent des liens, redonnent confiance et montrent que la justice peut commencer dans un simple jardin, même dans un contexte de grande précarité.
Un combat à mener ensemble
En parallèle de ces projets concrets, Action de Carême s’engage aussi au plus haut niveau. À Genève, Rome ou New York, ses représentant·e·s et partenaires portent la voix des communautés rurales auprès des Nations Unies et militent pour que les droits des paysannes et paysans, souvent ignorés, soient enfin reconnus et appliqués.
Car la faim ne se combat pas seulement dans les champs. Elle se combat aussi dans les lois, les traités, les choix politiques. La Journée mondiale de l’alimentation est plus qu’un moment de sensibilisation : c’est un appel à la conscience, à l’engagement et à la solidarité. Dans notre pays d’abondance, nous avons parfois du mal à imaginer ce que signifie avoir faim. Mais nous avons le pouvoir d’agir : par nos choix, notre attention aux plus fragiles, et en soutenant celles et ceux qui, chaque jour, cultivent une terre qui nourrit.
Faire un don à Action de Carême, c’est semer des graines de justice. C’est contribuer à un monde où manger redevient un droit, et la terre, un bien commun.
𝐋𝐞𝐬 𝟏𝟔 𝐞𝐭 𝟏𝟕 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞, 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐮𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐚̀ 𝐆e𝐧𝐞̀𝐯𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐜𝐞 𝐬𝐮𝐣𝐞𝐭. 𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐝’𝐢𝐧𝐟𝐨𝐬 𝐬𝐮𝐫 www.actiondecareme.ch/events