La pandémie de coronavirus a déjà fait de nombreuses victimes en 2020. Les mesures de lutte contre la pandémie ont plongé les gens dans la pauvreté et la faim. Depuis la fin du mois d’avril, l’injustice sociale et le désespoir poussent les gens dans les rues, tandis que les chiffres de la contagion augmentent à nouveau fortement.
Depuis des semaines, les coordinateurs et coordinatrices des projets d’Action de Carême en Colombie informent, avec une grande inquiétude, de la détérioration de la situation dans le pays. Après une année épouvantable de famine et de désespoir due à la pandémie de coronavirus, une grande partie de la population réclame, depuis fin avril, une vie décente et meilleure, ainsi que la défense et la mise en œuvre de l’accord de paix de 2016. Le désespoir pousse les gens à la rue et cette injustice persiste. Elle est même exacerbée par le président Iván Duque qui répond aux inquiétudes de son peuple par des interventions policières brutales qui ont fait de nombreuses victimes.
Depuis le mois d’avril, à cause du manque de vaccins et de lits d’hôpitaux disponibles, les cas de contamination au Covid-19 continue de se progresser dans le pays. La situation est préoccupante. La pandémie a creusé davantage les inégalités et aggravé la crise économique déjà traversée par le pays. Le PIB a reculé de 6,8 %. L’Autorité nationale de statistique (DANE) a annoncé qu’actuellement 42,5 % de la population vit dans la pauvreté, soit 6,8 % de plus qu’en 2019. Le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté a augmenté de 5,5 % et dépasse les 15 %. Cela représente plus de 7 millions de personnes.
La pandémie, vecteur supplémentaire du chômage et de la faim
La pandémie a également laissé des traces sur le marché du travail. Le taux de chômage en 2020 était supérieur de 2,6 % à celui de l’année précédente et s’élevait à environ 11 %. Le recul de l’emploi a particulièrement touché les groupes à faibles revenus. Les femmes, les travailleuses et travailleurs informels, les jeunes et les migrant·e·s sont les plus touché·e·s par cette situation. Il est également inquiétant de constater que près d’un tiers des ménages ne peuvent mettre de la nourriture sur la table que deux fois par jour et qu’environ 3 % des personnes ne peuvent se permettre qu’un seul repas par jour.
Les protestations qui se poursuivent depuis la fin du mois d’avril peuvent s’expliquer par l’augmentation des inégalités et de la pauvreté, les violations incessantes des droits humains ainsi que l’impunité généralisée des crimes. Les bénéficiaires de nos projets sont particulièrement touché·e·s par la crise économique, l’insécurité quotidienne et la pandémie de Covid-19. Nos organisations partenaires font leur possible pour soutenir les communautés, que ce soit dans la production d’aliments sains dans leurs jardins ou l’échange de semences et de produits entre elles, mais également dans la participation aux processus de décision et aux mesures de consolidation de la paix.
La solidarité internationale est importante
Le pape François s’est déjà exprimé très clairement sur la situation du peuple colombien : « Je prie pour que (…), par un dialogue sérieux, des solutions justes soient trouvées aux nombreux problèmes dont souffrent en particulier les plus pauvres à cause de la pandémie. »
Le 28 juin, la CIDSE, qui regroupe plusieurs organisations catholiques œuvrant pour la justice sociale, a lancé un appel à la paix et au dialogue en Colombie. Parmi les 11 évêques européens qui ont signé cet appel figure Felix Gmür, évêque de Bâle et président du Conseil de fondation d’Action de Carême.