L’association œcuménique Eglise et environnement approuve la Stratégie énergétique 2050 et recommande aussi d’accepter, le 27 novembre 2016, l’initiative « Pour une sortie programmée de l’énergie nucléaire ». Les vieilles centrales nucléaires constituent un risque croissant pour la sécurité. La sortie programmée de l’énergie nucléaire s’impose sur le plan éthique, est faisable du point de vue technique et sensée sous l’angle économique, estime le comité d’oeku Eglise et environnement.
La stratégie énergétique 2050 devrait permettre, grâce au développement des énergies renouvelables et à des mesures visant à accroître l’efficacité énergétique, de stabiliser la consommation de courant et de remplacer progressivement le courant d’origine nucléaire. Ce qui manque toutefois dans cette stratégie, c’est la planification de la mise hors service des vieilles centrales nucléaires. Avec une durée d’exploitation de près de 47 ans, Beznau I est la plus ancienne centrale nucléaire au monde encore en fonction. Elle constitue un risque accru pour la sécurité de la population.
En raison du boom des énergies renouvelables en Europe, les prix sur le marché du courant sont plus bas que les prix de revient indiqués par les exploitants des centrales nucléaires. L’évolution des prix a eu pour effet que les exploitants gagnent trop peu par la vente du courant pour pouvoir financer les frais courants, rénover les dispositifs de sécurité et effectuer les paiements en faveur du fonds de désaffectation et du fonds de gestion des déchets radioactifs.
Jusqu’à maintenant, les instances politiques ont renoncé à limiter la durée d’exploitation des centrales nucléaires par crainte des demandes d’indemnités des exploitants. Les centrales peuvent donc être exploitées aussi longtemps que la sécurité le permet, répète-t-on. Les avis divergent quant à savoir si des demandes d’indemnités auraient encore une chance de succès au vu de la situation actuelle sur le marché du courant.
Les institutions des Eglises en faveur de la sortie du nucléaire
Les Eglises et leurs institutions se sont prononcées par le passé à différents niveaux pour la sortie du nucléaire. Les humains – des créatures « finies » et faillibles – sont néanmoins appelés à être des gardiens responsables des dons de la création. De l’avis d’oeku Eglise et environnement, cette responsabilité exige absolument que l’on retire les centrales du réseau de manière planifiée :
- Les accidents des réacteurs qui se sont produits (Harrisburg en 1979, Tchernobyl en 1986, Fukushima en
2011) montrent que les sociétés même hautement complexes ne sont pas en mesure de maîtriser cette technique de manière suffisante. L’Europe occidentale est la région du monde la plus fortement exposée à des risques de contamination radioactive par de graves accidents de réacteurs. - Pour le stockage définitif des déchets radioactifs, aucun pays n’a trouvé de solution prête à fonctionner. Après bien plus de quarante ans d’exploitation, la décision quant à l’emplacement devrait être prise en Suisse en 2027 seulement. La question du stockage définitif est donc laissée aux générations suivantes. Ceci est diamétralement en contradiction avec la justice envers les générations futures.
- En ce qui concerne l’arrêt, le démantèlement et la désaffectation des centrales, c’est la collectivité qui devra de toute manière porter la responsabilité. Il y aura des coûts avec ou sans décision politique concernant la sortie du nucléaire, ne serait-ce qu’en raison d’une exploitation non rentable des centrales. La crainte face à des demandes d’indemnisation est donc infondée. Le risque d’une catastrophe nucléaire est en revanche bien réel, si les centrales vétustes continuent d’être exploitées.
- Les alternatives à l’énergie nucléaire – l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables comme l’hydraulique, le photovoltaïque et l’éolien – sont au point ; elles sont compétitives et moins risquées.
oeku Eglise et environnement recommande, par souci de responsabilité envers les humains et l‘environnement, de voter OUI le 27 novembre 2016 à l’initiative pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire.