La rencontre avec la presse qui a eu lieu vendredi 4 octobre à Zurich a réuni des personnalités de Suisse et du Brésil à l’occasion du Synode sur l’Amazonie qui a commencé dimanche 6 octobre. Ernestina Macuxi, dirigeante indigène, Luis Ventura, de la pastorale indigène brésilienne, et Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême, s’accordent pour penser que le souci pour notre maison commune est une cause à laquelle le monde entier devrait se rallier.
Le cœur du monde au cœur des préoccupations
Ernestina Macuxi, sociologue et dirigeante de la communauté indigène Macuxi, de l’État fédéral de Roraima dans le nord du Brésil, a dénoncé les déplacements forcés et l’accaparement des terres. Dans cet État fédéral riche en or, en diamants et en terres rares, le gouvernement fédéral projette deux barrages et est impatient de transformer ces gisements en monnaies sonnantes et trébuchantes. Les principales victimes de ces projets sont les indigènes, chassés de chez eux en dépit de la Constitution qui leur garantit le droit à la terre. L’Amazonie est leur patrie et, comme le dit Ernestina, le cœur du monde, qu’il faut protéger de toute urgence.
90 000 personnes sondées
Luis Ventura, anthropologue, politologue et prêtre séculier, qui se rend, comme Ernestina Macuxi, au Vatican pour le Synode sur l’Amazonie, en a coordonné les préparatifs ces 18 derniers mois au Brésil. Notre partenaire REPAM, dont le CIMI fait aussi partie, a sondé l’opinion de près de 90 000 personnes de toute l’Amazonie. Cette plus grande enquête jamais réalisée a pour but de recueillir les principaux soucis des habitant·e·s de cette région. Luis Ventura fait l’analyse suivante des résultats de cette enquête, cruciaux pour les séances du synode : « La plupart des personnes craignent les mines, les ouvrages hydrauliques et le déboisement par le feu. L’actuel président brésilien fait primer les intérêts économiques, foule les droits humains aux pieds et n’hésite même pas à tirer à boulets rouges sur l’Église catholique. »
Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême, a souligné l’importance du Synode sur l’Amazonie et l’espoir qu’il suscite de voir l’Église et la société prendre parti pour les personnes et pour la nature. « Il faut enfin écouter la clameur des pauvres dans le monde entier. Il est inacceptable que l’exploitation se poursuive pour satisfaire la surconsommation et les besoins du Nord. » Comme le rappellent les trois intervenants, « nous partageons le même monde : la nature, dont nous faisons partie, est au service de toute l’humanité. La pollution de l’air et de l’eau, le déboisement et l’exploitation de la terre sont des causes qui nous concernent tous et toutes. Le changement climatique anthropique et la destruction de l’Amazonie constituent de graves injustices. »