Action de Carême s’engage pour une politique climatique ambitieuse en Suisse. L’initiative pour les glaciers est un pas important dans cette direction. Choisissez maintenant quel visage célèbre deviendra notre ambassadeur climatique.
Analyse de Stefan Salzmann, responsable Climat et politique énergétique chez Action de Carême.
Vagues de chaleur, sécheresses, pénuries d’eau, ce qui fait partie du quotidien des pays partenaires d’Action de Carême depuis des années s’applique aujourd’hui à la Suisse et à l’Europe. Ce que nous avons vécu durant l’été 2022 est un avant-goût amer de ce que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat nous prédit : une multiplication généralisée des phénomènes météorologiques extrêmes en raison du réchauffement climatique, y compris en Suisse.
Cap sur le récif
Et pourtant nous avons du mal à adapter nos pratiques individuelles. Les citernes sont remplies de mazout frais pour l’hiver. Une voisine me dit en passant à quel point elle se réjouit d’un voyage de trois jours à Ibiza. De nombreux concitoyens et concitoyennes qui se plaignaient de la chaleur en été s’énervent contre les prix élevés de l’énergie et achètent de la viande bon marché. Comme s’il n’y avait pas de lien entre tout ça ! Notre bateau se dirige droit sur le récif. Nous le savons et continuons comme si de rien n’était. Et, au final, la facture est supportée par une foule de gens du monde entier qui vivent dans la pauvreté.
Et la politique ?
En Suisse, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à zéro d’ici 2050 – bien trop tard pour les habitant·e·s de nombreuses régions du monde qui en subissent déjà les conséquences sans y avoir contribué. Une partie du monde politique suisse ne prend pas l’urgence au sérieux. Un référendum a été lancé contre le contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers. Pourtant, la nouvelle loi sur le climat n’est qu’un premier pas dans la bonne direction. C’est précisément pour cette raison que le oui à l’initiative pour les glaciers est un strict minimum si nous voulons contribuer à une justice climatique globale. Prendre encore du retard n’est pas envisageable.
Sharm el Sheikh
La 27e conférence sur le climat débute le 6 novembre en Égypte. De nombreux points importants seront sur la table de négociation, dont le principal sera la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat de 2015. Celui-ci veut limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius voire, si possible, à 1,5 degré. Or, selon le Climate Action Tracker, nous nous dirigeons vers un réchauffement global de plus 2,7 degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle. Concrètement, un programme de travail doit être adopté en Égypte afin d’intensifier d’urgence l’ambition et la mise en œuvre des réductions des émissions (Mitigation Work Programme). Outre la réduction, il s’agit également de s’adapter au réchauffement climatique. C’est pourquoi il est urgent de trouver un accord pour augmenter les contributions au financement de la lutte contre les changements climatiques afin d’indemniser les dommages irréversibles y résultant. De nombreux pays riches bloquent les négociations sur les pertes et dommages (Loss and Damage).
Pour ne citer qu’un dramatique exemple, les inondations au Pakistan, qui ont commencé en juin 2022 et se sont intensifiées en août 2022, ont fait plus de 1 000 morts, affecté 33 millions d’habitant·e·s et détruit 250 000 habitations et 1,8 million d’hectares de terres agricoles. Des millions de personnes sont désormais démunies, privées de perspectives et dépendantes du soutien des pays riches. La lutte pour la protection du climat au niveau mondial et la poursuite de la justice climatique sont indissociables de la notion de solidarité.