Conflit en Ukraine
Action de Carême craint de lourdes conséquences dans ses pays d’intervention
Un commentaire de Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême
Le renchérissement des importations de céréales provenant d’Ukraine ou de Russie a déjà dépassé, par endroit, celui du début du printemps arabe, lors duquel s’étaient produites, notamment en 2011, plusieurs émeutes de la faim. Cette nouvelle crise s’ajoute à la crise sanitaire qui a frappé la planète pendant plus de deux ans, provoquant déjà une forte augmentation de la faim dans le monde. Selon la FAO, les personnes sous-alimentées seraient actuellement 811 millions, soit 160 millions de plus qu’avant la pandémie de coronavirus.
Les marchés agricoles mondiaux sont fragiles
De nombreux pays dans lesquels Action de Carême travaille sont touchés par une situation alimentaire déjà difficile qui risque de s’aggraver. Selon une récente information de la FAO, en 2021 la dépendance à l’égard des importations de blé provenant de Russie et d’Ukraine dépassait 80 % en République démocratique du Congo, 70 % à Madagascar, 50 % au Sénégal et 30 % au Kenya et au Burkina Faso. Par ailleurs, les coordinations locales d’Action de Carême rapportent que le prix du pain a déjà augmenté au Kenya et qu’il n’est pratiquement plus possible de trouver du blé sur les marchés au Sénégal.
L’ONU tire la sonnette d’alarme en signalant que 45 pays africains et pays les moins avancés importent au moins un tiers de leur blé d’Ukraine ou de Russie et 18 de ces pays en importent au moins 50 %. Le conflit qui sévit actuellement dans l’est de l’Europe pourrait conduire à un effondrement du système alimentaire mondial, accompagné d’une instabilité politique qui risquerait d’induire des troubles dans le monde entier.
Renforcer l’autonomie des familles paysannes
En plus de la flambée des prix des denrées alimentaires, les producteurs et productrices rurales les plus démunies devront également faire face à une pénurie d’engrais et à la hausse du coût de l’énergie. De nombreux paysans et paysannes dépendent notamment de systèmes d’irrigation alimentés par de petits moteurs dans des régions où les précipitations sont irrégulières et la sécheresse constante.
L’autonomisation des familles paysannes les protège contre la famine et les situations de grave insécurité alimentaire, que ce soit face à des crises sanitaires, politiques ou environnementales. Dans ce sens, Action de Carême encourage et soutient ces populations à défendre leur droit à la terre et aux semences, à mettre en œuvre des méthodes de culture durables et adaptées au contexte local, à protéger l’environnement ainsi qu’à préserver la biodiversité.