Le Burkina Faso, littéralement « le pays des hommes et des femmes intègres », est l'un des pays les plus pauvres du monde. Plus de la moitié de la population survit avec moins d'un dollar par jour. Face à la pandémie de coronavirus, le gouvernement a réagi en fermant ses frontières et en instaurant un couvre-feu qui pousse les habitant·e·s plus loin encore dans la pauvreté.
Mettre en œuvre au mieux les mesures de prévention
L’AKOFED (Association Koglzanga féminine pour le développement), organisation partenaire d’Action de Carême, est active auprès de la communauté rurale de Tikaré, à 140 km de la capitale. Aimé Sawado, coordinateur de l’organisation, déclare : « Le couvre-feu fixé de 19 heures à 5 heures du matin est respecté, même si de nombreuses personnes dans la région estiment que cela n’est pas justifié, puisque ce sont les villes, en particulier Ouagadougou, qui sont les plus touchées. L’organisation des événements sociaux n’a guère changé, voire pas du tout, puisque des rassemblements funéraires et des événements heureux comme les mariages continuent d’avoir lieu. Bien que certaines familles pratiquent le lavage des mains, il est difficile pour chacun·e de garder ses distances car cela ne s’inscrit tout simplement pas dans le contexte socioculturel. Se serrer la main, discuter en groupe, passer du temps ensemble fait partie de la culture burkinabé. »
De graves revers pour les projets
Les habitant·e·s de Tikaré vivent dans la crainte constante de l’évolution de la crise sanitaire. Les informations diffusées par les médias internationaux, le nombre de décès dans les pays les plus touchés, la mise à jour quotidienne de la situation à Ouagadougou quant aux nouvelles infections, aux décès et aux rétablissements, ne font que renforcer l’inquiétude. Les carences du système de santé – il y a cinq ventilateurs dans tout le pays pour plus de dix millions de personnes – alimentent également la peur. Les autorités sont conscientes de cette situation, mais que devraient-elles faire si la catastrophe se produit ? Aimé Sawado illustre avec humour l’état d’esprit dans son pays : « À Tikaré, le médecin-chef du centre médical et un de ses conseillers se sont rendus à la préfecture le 1er avril 2020 pour transmettre les dernières informations. « Monsieur le Préfet, nous venons d’accueillir un premier cas confirmé de Covid-19 et souhaitions vous en informer ». Le maire a gardé le silence pendant un long moment, un silence qui en disait long. Les porteurs du message ont alors compris qu’ils étaient allés trop loin et se sont empressés d’annoncer qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise « blague ». Il n’est pas difficile d’imaginer le soulagement général. »
Mais, dans les faits, Aimé est inquiet. « En raison de l’interdiction de rassemblement et des mesures de distanciation sociale, nous ne sommes plus autorisé·e·s à rencontrer les bénéficiaires. Plusieurs de nos activités sont au point mort. Cela touche particulièrement les personnes qui sont organisées dans les calebasses de solidarité. Elles se réunissent généralement chaque semaine pour échanger des informations et collecter de l’argent afin de se préparer aux moments difficiles. Cela est désormais interdit. Heureusement, le travail dans les champs est encore autorisé. Cependant, si la fermeture des marchés et les autres mesures se poursuivent au-delà de la saison sèche, nous courons le risque de mourir de faim.
Covid-19 au Burkina Faso – Situation au 1er mai 2020
645 malades du Covid-19, 43 morts, 506 personnes guéries. Le nombre réel des personnes infectées n’est pas connu en raison du manque de kits de dépistage et de la quasi-inexistence des soins médicaux. Le pays compte déjà plus de 600 000 personnes déplacées fuyant l’avancée des groupes terroristes.