Tobias, quelles sont tes impressions sur Madagascar après ton premier voyage en décembre ?
À cause de la pandémie, ma visite sur le terrain n’a pu se dérouler qu’à proximité de la capitale. Je suis donc principalement resté à Antananarivo où j’ai rendu visite à plusieurs autres organisations ainsi qu’à l’ambassade de Suisse en compagnie du coordinateur et de la coordinatrice du programme pays, Andrianparany Rasamimanana et Diary Ratsimanarihaja. Afin de travailler le plus efficacement possible, un atelier de quatre jours a été organisé, au cours duquel j’ai pu rencontrer personnellement toutes les représentantes et représentants des organisations partenaires. Malheureusement, j’ai dû repartir une semaine plus tôt que prévu en raison de la découverte du variant Omicron en Afrique australe, car l’Europe aurait également pu fermer ses frontières avec Madagascar à tout moment. Mais, même si mon voyage a été court, j’ai trouvé que Madagascar était un très beau pays, fertile et verdoyant.
Comment se présente la situation dans le pays ?
En novembre 2021, le gouvernement malgache a rouvert les frontières au tourisme, espérant ainsi donner une impulsion à l’économie. Cependant, avec cette ouverture, les craintes d’une augmentation des cas de Covid-19 et donc de nouvelles restrictions augmentent. Pour les habitant·e·s du pays, l’équilibre est fragile.
Officiellement, la pandémie n’a fait que peu de victimes. Quelle est ton évaluation et celle des organisations partenaires à ce sujet ?
En raison de sa situation insulaire et de la fermeture de la frontière, Madagascar a pu contrôler la pandémie relativement facilement. Jusqu’à la réouverture de la frontière en novembre 2021, il y a en effet eu relativement peu de victimes, bien que le nombre officiel de cas ne reflète probablement pas la réalité. Depuis la réouverture de la frontière, le nombre de nouvelles contaminations est toutefois en hausse.
Quels sont les effets de la pandémie ?
Les fermetures répétées des écoles au cours des deux dernières années ont eu un impact considérable sur les enfants. Après les vacances de Noël, la rentrée scolaire dans la région d’Analamanga, où se situe la capitale, a été repoussée de deux semaines, au 17 janvier, en raison des nombreux cas positifs. Rien que pour la première semaine de janvier, 1620 cas positifs ont été signalés dans cette région. Dans le reste du pays, 2155 nouvelles contaminations ont été enregistrées au cours de la même période.
Le sud du pays a connu une grande sécheresse l’année dernière. Action de Carême a apporté une aide d’urgence. Comment les gens se portent-ils aujourd’hui ?
Le projet d’aide d’urgence a permis d’assurer leur survie pendant trois à quatre semaines. Entre-temps, il a plu un peu, mais pas suffisamment pour que leur situation s’améliore. Ce qui manque à la population du sud, c’est l’accès à l’eau. Quand celui-ci sera garanti, elles pourront également pratiquer l’agriculture. Cette année, notre organisation partenaire Taratra se concentrera encore davantage sur la culture de denrées alimentaires partout où il y a des puits et où une irrigation minimale peut être assurée. La mise en place de la technique du « basket compost » qui consiste à mettre des plants en culture dans des trous remplis de déchets organiques fera partie de ce projet. Des lentilles, du manioc, du maïs et des arachides seront cultivés avec cette méthode. Dans la partie sud-est de Madagascar, cela permettra d’atteindre une productivité très élevée sur des sols pauvres en nutriments et sur une surface réduite. Pour atténuer durablement la faim, nous ne nous contenterons pas de cultiver des légumes dans les jardins. Notre organisation partenaire Taratra introduira également dans les villages, auprès des groupes Tsinjo Aina, la technique des « keyhole gardens » ou « jardins en trou de serrure » qui sont des sortes de potagers surélevés dans lesquels seront cultivé des légumes. De cette manière, les ressources rares telles que l’eau et les nutriments pourront être utilisées de manière optimale. De plus, nous encouragerons la mise en place de pépinières afin de stopper et, idéalement, d’inverser les effets négatifs de la déforestation sur le climat, comme le manque de pluie.
Quel est ton souhait et quels espoirs y associes-tu ?
Je souhaite que nous puissions poursuivre de manière optimale la collaboration dans le cadre du programme Madagascar, afin que les gens puissent améliorer leurs conditions de vie par leurs propres moyens.
Ici vous trouverez plus d’informations sur les projets de l’Action de Carême à Madagascar.